Betteraves décarbonées, on y est presque !
Le programme Mont Blanc Le 14/11/2024Les essais Mont Blanc démontrent qu'il est possible de cultiver de la betterave tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES). Comment ? En agissant sur la fertilisation azotée.
Depuis cette campagne 2024, le thème de la fertilisation azotée décarbonée intègre le programme Mont Blanc. Dans ce cadre, le service agronomique de Saint Louis Sucre évalue des itinéraires innovants. Il associe des couverts végétaux composés de légumineuses à l’engrais IZDS+ de Fertiberia. Celui-ci est produit à partir de l'énergie solaire donc sans utiliser celle d'origine fossile. Les modalités sont comparées à de la solution azotée.
D’ores et déjà, l’essai installé sur la ferme d’Étrépagny livre de premiers résultats très positifs. « Nous pensions attendre plusieurs campagnes avant d’obtenir des chiffres encourageants, partage Clément Bunias, responsable de la ferme d’Étrépagny. Ces résultats sont vraiment probants tant sur le plan agronomique, économique qu’en termes de réduction des GES. »
3 à 4 t/ha de betteraves en plus avec l’engrais décarboné*
La modalité la plus innovante avait comme couvert d’interculture une base d’I-Sol Max Agrifaune enrichie avec 30 kg/ha de vesce commune. Puis, au printemps, 30 unités d’engrais Fertiberia ont été ajoutées pour compléter le bilan azoté préalablement défini. Cette modalité livre un rendement de 84,5 t à 16°/ha. Il s’agit du meilleur rendement de l’expérimentation. Comparé à l’itinéraire avec de la solution azotée (30 N), il apporte même 3 tonnes supplémentaires. Enfin, les émissions de GES baissent de 30 %. « Nous parvenons à avoir une betterave pratiquement décarbonée sur le poste fertilisation, ajoute Clément Bunias. Globalement, la fertilisation azotée pour un ha avec une application habituelle de 120 unités d’azote représente 40 % des GES. Cependant, en divisant par quatre les apports d’azote par rapport à une méthode de fertilisation classique et en intégrant un couvert végétal ainsi qu’un engrais décarboné, nous pouvons diminuer significativement les GES. »
Quant à la modalité innovante avec 60 unités d'engrais au lieu de 30, elle donne les mêmes tendances en termes de rendement mais avec un poste de GES supérieur.
« Pour confirmer cette tendance nous devons encore collecter les résultats de 16 essais chez les planteurs et remettre ce protocole en expérimentation l’année prochaine, annonce Clément Bunias avec enthousiasme. Néanmoins, ces premiers résultats sont vraiment très prometteurs ».
Une fertilisation décarbonée plus durable et performante
Le coût d'un engrais décarboné est bien plus élevé que celui d'un même engrais standard, mais nous cherchons à en réduire les quantités à l’hectare grâce à la restitution en azote des couverts d’interculture. Dans une approche économique, nous analysons donc le surcoût technologique de ces engrais azotés, leur réduction de dose en considérant la restitution des couverts et les niveaux de rendements betteraviers obtenus. « Dans l’essai mené sur la ferme d’Étrépagny, l’amélioration du rendement avec l’engrais IZDS + est très nette, déclare Clément Bunias. C’est très encourageant. Bien évidemment, nous devons poursuivre en 2025 ces essais pour avoir davantage de résultats sur l’équilibre technico-économique de ce nouvel engrais décarboné et pouvoir le conseiller ensuite auprès des planteurs Saint Louis Sucre et de Südzucker ».