
Saint Louis Sucre au salon international de l’agriculture : conférence sur l’agriculture régénératrice
La ferme agroécologique Le 21/03/2025Entre défis agronomiques et traçabilité des pratiques bas carbone, Saint Louis Sucre partage son expérience dans le déploiement de l’agriculture régénératrice lors d’un débat organisé sur le SIA par MyEasyFarm.

Sur le stand de La Ferme Digitale, François Thierart, fondateur de MyEasyFarm, animait le 27 février une conférence intitulée : « L'agriculture régénératrice, scope 3, crédits carbone : stratégies et outils pour valoriser et accélérer la transition des chaînes de valeur agroalimentaires ».
Invité à témoigner de l’expérience de Saint Louis Sucre, Ughau Debreu, responsable de la durabilité agricole, revient sur la transition de la filière betteravière : « L’agriculture régénératrice est une nécessité pour assurer la pérennité de la betterave dans nos bassins de Normandie et des Hauts-de-France ». D’ailleurs, il la définit avant tout comme « une approche agronomique. La décarbonation en découle naturellement, mais c’est l’agronomie qui ouvre la voie ».
Dans ce cadre, la traçabilité devient un enjeu clé. François Thierart le souligne : « Il ne s’agit pas juste de produire différemment, mais de prouver l’impact positif des pratiques ». Un défi pour les agriculteurs, qui doivent fournir des données fiables tout en adaptant leurs méthodes. L’accompagnement agronomique et la valorisation économique sont aussi essentiels pour réussir cette transition. « Ainsi, nous visons 30 % de nos planteurs engagés en agriculture régénératrice d'ici à 2030 », annonce Ughau Debreu.
Comment lever les freins à l’innovation ?
Le programme d’accompagnement de Saint Louis Sucre repose sur cinq indicateurs : durée de couverture des sols, biomasse des couverts, diversité des cultures, intensité du travail du sol et réduction des émissions de GES. Ce suivi se veut pragmatique et accessible aux agriculteurs.
Cependant, changer les pratiques ne suffit pas. Encore faut-il lever les freins à l’innovation. « Dans le cadre du programme Mont Blanc, si une modalité innovante a conduit à une perte de rendement, nous couvrons cette perte », explique Ughau Debreu. Saint Louis Sucre s’appuie également sur son équipe d’inspecteurs de culture formée à l’institut UniLaSalle Beauvais et des experts en agronomie.
« Un programme agriculture régénératrice efficace doit être pratique, pragmatique et robuste. L’agriculteur doit pouvoir s’y investir sans y consacrer un temps excessif », insiste-t-il.
Le numérique pour tracer les pratiques
Dans cette stratégie, l’outil MyEasyFarm permet aux planteurs de visualiser leurs indicateurs, de se comparer à leurs voisins et d’ajuster leurs pratiques. Ughau Debreu l’affirme : « C’est indispensable pour rendre la démarche concrète et opérationnelle ». L’outil facilite également la collecte de données, indispensable pour la traçabilité des pratiques bas carbone. « L’agriculteur ne doit pas seulement fournir des données, il doit aussi en tirer un bénéfice. Nous lui apportons une analyse claire et des conseils adaptés », précise-t-il.
En effet, au-delà des outils et des méthodes, l’enjeu reste économique. « L’agriculteur doit en tirer une valeur ajoutée », rappelle François Thierart. Cela passe par la réduction des coûts d’intrants, l’accès à des primes et à la reconnaissance de l’effort fourni. « L’objectif final est d’assurer la résilience des cultures tout en maintenant une rentabilité pour l’agriculteur », conclut Ughau Debreu.




