Cercosporiose de la betterave, les enseignements 2024 et les conseils clés pour 2025 !
Protéger et récolter Le 14/11/2024La cercosporiose a été particulièrement sévère cet été. Ophélie Bolingue, responsable agronomique de Saint Louis Sucre, revient sur la situation de cette campagne 2024. D’ores et déjà, elle rappelle les étapes à suivre pour maîtriser cette maladie.
Lors des réunions planteurs du 21 juin, Ophélie Bolingue insistait déjà sur le risque élevé de pression de cercosporiose cet été.
« Malheureusement, ce niveau de pression peut se répéter », prévient la responsable agronomique de Saint Louis Sucre face à une cercosporiose qui s’est révélée particulièrement contaminante. En effet, cette maladie est très dépendante de la pluie et de l’humidité en été. Elle enchaîne des cycles d’une vingtaine de jours tant que les conditions climatiques sont réunies. « On a toujours eu des rosées, rappelle-t-elle. Par effet splashing, les pluies ont aussi accentué les propagations. Des parcelles sont entièrement contaminées. »
Trois alertes SMS sur le risque de cercosporiose à l’été 2024
Le service agronomique a adressé trois SMS d’alerte pendant l’été. « Sur la zone Saint Louis Sucre, nos alertes ont été dans l’ensemble bien suivies, avec des interventions rapides dès que c’était possible, témoigne Ophélie Bolingue. Toutefois, nous sommes sur une zone où la cercosporiose peut arriver tardivement. Par conséquent, j’espère que pour les derniers enlèvements, nos sms ont permis aux planteurs de réaliser leur T3 ou T4. Ainsi, les agriculteurs auront limité l’impact de la maladie pour assurer leur revenu betteravier. »
La cercosporiose « grille » toutes les feuilles, donc elle ralentit la croissance de la betterave. De plus, en fin d’été, la plante émet de nouvelle feuilles en puisant dans ses réserves. Dès lors, la racine perd de la richesse en sucre. Le risque est non seulement une baisse de rendement, mais aussi un taux de sucre inférieur à 16 °C.
Des variétés tolérantes pour les arrachages tardifs
Quelle est alors la ligne de conduite à suivre pour la campagne 2025 ? « Le premier rempart, c’est la tolérance variétale, partage Ophélie Bolingue. Tous les semenciers travaillent sur la tolérance à la cercosporiose et le progrès génétique est vraiment important. Cependant, nous recommandons ces variétés uniquement pour les arrachages tardifs. » Avec une protection fongique appropriée, elles ont un vrai intérêt afin d’éviter les pertes de feuilles en fin de cycle. Ainsi, Ophélie Bolingue préconise d’attendre la visite de son inspecteur de culture pour commander les semences. « Lui seul est à même de recommander la bonne variété en fonction de la situation de votre exploitation et des tours de grues. De plus, il dispose des derniers résultats des expérimentations du réseau SAS-ITB », insiste-t-elle.
Seul, votre inspecteur de culture dispose de toute l'information pour vous recommander la meilleure variété selon la situation de votre exploitation.
Un programme fongicide solide
Dès fin juin, Ophélie Bolingue recommande de la vigilance. Les traitements fongicides doivent s'effectuer après la réception des alertes SMS compte tenu de la vitesse de contamination. « Bien évidemment, le traitement s’effectue si les conditions climatiques le permettent en l’absence de pluie dans les 48 heures pour que le cuivre agisse, souligne Ophélie Bolingue. En effet, le programme fongicide doit être solide, systématiquement avec un cuivre. Grâce à cette matière active, on gagne en rémanence et donc en durée de protection. » De plus, le cuivre possède un mode d’action multisite. Il préserve les fongicides unisites du risque de résistance de la cercosporiose. « On comptabilise plus de 160 souches de cercosporiose, tient à rappeler la responsable agronomique. Le risque de contournement d’un fongicide est donc très important. Par conséquent, ne faîtes pas de demi-dose et respectez l’alternance des modes d’action fongicide. »
D’ailleurs, l’autorisation de Propulse/Yearling est une bonne nouvelle. « Ce produit apporte une nouvelle solution chimique et il faut préserver le plus longtemps possible son efficacité, indique-t-elle. On a eu de la chance de l’avoir en fin de cycle. Certains ont pu l’appliquer en T3 et T4. »
Limiter le réservoir infectieux après les enlèvements
En parallèle, des pratiques culturales réduisent le réservoir infectieux. « On doit avoir le moins possible de résidus de betteraves en fin de cycle, conseille Ophélie Bolingue. La destruction des cordons de déterrage et des résidus dans la parcelle est indispensable. » De même, un désherbage de la parcelle contribue à la diminution de l’inoculum. Par exemple, le chénopode est une plante hôte, tout comme les repousses de betteraves.