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En qualifiant d'inédites les baisses du cours du sucre sur le marché mondial depuis décembre 2023, Daniel Calmejane, directeur des ventes export et industrie de Saint Louis Sucre met en lumière l’actuelle forte volatilité des prix.

Fin 2023, le cours mondial du sucre chutait à 536 €/t après avoir atteint un record de 713 €/t un mois plus tôt. Depuis le début de l’année, la tendance se révèle baissière malgré deux reprises enregistrées fin janvier puis début avril. D’emblée, avec un prix du sucre qui oscille autour de 500 €/t depuis mai, l’expert ne voit pas, à court terme, le retour aux niveaux de l’automne 2023. Au mieux, le marché resterait sur ce plateau. Il pourrait aussi récupérer une petite partie de la baisse, tant celle-ci a été brusque. « Nous n’observons pas d’éléments fondamentaux qui laissent présager une remontée significative et rapide des cours, complète Daniel Calmejane. Seules de mauvaises conditions climatiques, notamment au Brésil et en Inde pourraient avoir un impact. » 

L’excellente campagne brésilienne (plus de 40 millions de tonnes), la production en hausse en Inde (30 millions de tonnes) et en Thaïlande (10 millions de tonnes) ont précipité le marché dans une spirale baissière en novembre dernier. Le mouvement a été amplifié par les ventes massives des spéculateurs qui avaient construit une position à l’achat pendant toute la montée du cours.

Bonne récolte mondiale de canne à sucre annoncée

L’équilibre mondial 2024/2025 s’annonce à ce jour de nouveau excédentaire.

En premier lieu, le Brésil table sur une nouvelle très belle campagne, au-delà des 40 millions de tonnes (42 millions T ?). Aucun indicateur ne laisse présager à ce jour une baisse de production en Inde ou en Thaïlande.

Prix baissiers du sucre en Europe

Aux planteurs présents lors des réunions d’échanges du 21 juin à Étrépagny et Roye, il a toutefois rappelé l’atout du contrat de Saint Louis Sucre : « Le complément de prix est indexé sur celui du marché européen, plus élevé, car ce n’est pas un marché de commodités ».

Néanmoins, ce prix suit aussi une tendance baissière depuis le début de l’année.

Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, au-delà de l’excédent de sucre au niveau mondial et de la forte baisse du prix qui en a découlé. En effet, l’Europe fait face à une diminution de la consommation de sucre. Elle est affectée par l’inflation du prix des produits agroalimentaires depuis plus d’un an. En parallèle, l’Europe enregistre une bonne campagne betteravière 2023-2024.

Sucre ukrainien, nouveau contingent et droit d’importation

De plus, le sucre ukrainien a fortement déstabilisé le marché avec l’ouverture totale des frontières en 2021 par l’Union Européenne. L’objectif est de soutenir l’agriculture ukrainienne après l’agression russe. Ainsi, 152 000 T de sucre entraient en Europe en 2022, 493 000 T en 2023. Avant la guerre, le contingent se limitait à 20 000 T. « Fort heureusement, les représentants des planteurs au sein de la CIBE et ceux des fabricants de sucre via le CEFS ont  largement contribué à ce que la Commission européenne remette en place un contingent de sucre à partir du mois de juin 2024 », souligne Daniel Calmejane. Le nouveau contingent fixe l’entrée de 109 439 T pour la période de janvier à fin mai. Ainsi, il apporte plus de visibilité et de stabilité, notamment pour les pays de la façade Est de l’Europe. Ils sont très durement affectés par cette concurrence depuis près de deux ans. Enfin, du premier juillet 2024 jusqu’au 31 décembre, toute nouvelle importation en provenance d’Ukraine sera soumise à un droit d’importation de 419 €/T.  

Plus de 1,2 MT de sucre fabriqué en Europe s’exportera en 2024.

Les clients européens sont attentistes

Malgré tout, pour la campagne 2024, l’Europe reste excédentaire. Elle va exporter plus de 1,2 MT (autour de 1,4 MT ?) de sucre produit sur son territoire. Par conséquent, le prix en Europe devient perméable au cours des marchés mondiaux. « Dans ce contexte de cours baissiers, nos clients sont attentistes », témoigne Daniel Calmejane. Raison pour laquelle, l’entreprise se montre vigilante.

« Nous restons attentifs aux évolutions de marché afin de conserver la meilleure rémunération betteravière mais dans un contexte très volatil de marché du sucre », conclut Thomas Nuytten, directeur betteravier Saint Louis Sucre.