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On ne présente plus le PNRI, ni son successeur, le PNRI-C, lequel consolide les acquis. En revanche, Myzus persicae, le puceron vert du pêcher, mérite chaque année toute l’attention de la filière. Ce redoutable vecteur des virus de la jaunisse menace toujours les rendements betteraviers.

« C'est pourquoi j’ai choisi d’approfondir, dans mon mémoire, les solutions retenues à court et moyen terme », explique Edwige Delcour, inspecteur de culture dans l’Eure. Depuis 2021, elle pilote les essais du PNRI avec les agriculteurs. Cette année, elle suit de près ceux réalisés au lycée du Neubourg. Ils sont axés sur l’utilisation de granulés diffusant des composés volatils perturbant les pucerons. Développée par Agriodor, cette technologie olfactive et répulsive vient d’obtenir une dérogation 120 jours pour un usage en 2025. Le produit est commercialisé par Syngenta sous le nom Insior Gr A. De manière générale, les médiateurs chimiques offrent, selon elle, des pistes prometteuses et applicables sur le terrain. « En effet, ces alternatives montrent des résultats encourageants sur la régulation des populations de pucerons », observe-t-elle.

Apprendre à combiner les leviers pour mieux maîtriser les pucerons

Dans son travail bibliographique, elle se projette pour une utilisation des solutions du PNRI-C tout au long de l’itinéraire cultural. « D’ores et déjà, nous devons apprendre à combiner les différents leviers et moyens de lutte pour obtenir des résultats acceptables », insiste Edwige Delcour. D’ailleurs, elle estime que l’un des grands enseignements du PNRI est le retour à l’observation et à une réflexion plus fine sur les pratiques : « On teste, on analyse et on adapte, plus rien n’est systématique ! ». Cependant, elle invite à la prudence face aux résultats : « Les pressions de pucerons varient d’une année à l’autre, ce qui complique l’interprétation des essais. »

Edwige Delcour n’hésite pas à partager ses connaissances avec les planteurs, tout en restant mesurée dans ses recommandations : « On avance, mais la route est encore longue. Une certitude demeure : chacun doit surveiller son environnement et mieux gérer les repousses pour limiter les réservoirs viraux. »

L’un des grands enseignements du PNRI est le retour à l’observation.

Les plantes hôtes du puceron

Les betteraves cultivées restent les principaux réservoirs viraux, nécessitant une gestion rigoureuse des cordons de déterrage et des repousses. Ces mesures prophylactiques sont donc à mettre en œuvre avant les semis de la campagne suivante.

Modéliser le puceron

Le projet Sepim du PNRI utilise les données du réseau Agraphid et la météo pour prédire les vols de pucerons (date, abondance, durée). Validé par les observations sur le terrain, cet outil aide à ajuster les stratégies de lutte.

Biodiversité fonctionnelle : limiter l’attractivité des cultures

La biodiversité fonctionnelle repose sur l’introduction de plantes compagnes et la mise en place d’aménagements paysagers favorisant les auxiliaires naturels.

Parmi les solutions testées :
Les plantes compagnes. Des essais menés sur trois ans montrent que l’orge et l’avoine, semées en association avec la betterave, réduisent la pression des pucerons en les détournant de la culture principale. L’impact sur le rendement est limité avec une destruction maximum au stade 8 feuilles des betteraves.

Haies et bandes fleuries. Ces aménagements offrent un refuge et une source de nourriture aux auxiliaires, tels que les coccinelles et les chrysopes, prédateurs naturels des pucerons. Les infrastructures écologiques sont gérées comme des milieux semi-naturels, sans engrais ni produits phytopharmaceutiques, afin d’offrir nourriture et refuge aux auxiliaires, notamment en hiver. Pour être efficaces, les haies mesurent au moins 3 mètres de large, sont interconnectées et situées à proximité des parcelles. Leur composition, adaptée aux auxiliaires ciblés, s’évalue à l’aide d’outils comme Auxil’haie. Cependant, cette solution doit être accompagnée techniquement et financièrement et Saint Louis Sucre s’inscrit dans cette démarche.  

Trouver le bon compromis technique et économique

Aucune solution unique ne permet d’atteindre l’efficacité des néonicotinoïdes. L’avenir réside dans une combinaison de leviers agronomiques, biologiques et technologiques. La recherche se poursuit pour optimiser ces méthodes et réduire leur coût de mise en œuvre. En effet, le frein le plus important à l’utilisation de ces techniques à grande échelle reste l’investissement par rapport aux prix des insecticides. Enfin, la création de variétés tolérantes aux virus s’avère être un défi majeur. Bien que les semenciers y travaillent, des avancées significatives sont encore nécessaires.

SAINT LOUIS SUCRE EST AGRÉÉ POUR LE CONSEIL À L’UTILISATION DES PRODUITS PHYTOPHARMACEUTIQUES (N° HN00104)