
Salon international de l’agriculture : Saint Louis Sucre partage son expérience pour accélérer la transition agricole
Nos services Le 21/03/2025Pendant le SIA, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a échangé avec les acteurs engagés dans la recherche d’alternatives et dans le déploiement de pratiques innovantes, économes en produits phytopharmaceutiques. Thomas Nuytten, directeur betteravier de Saint Louis Sucre a partagé son expérience de la transition agricole : « La réussite repose sur la prise de risques partagée et un accompagnement à grande échelle ».

Seule la force du collectif public-privé permet de déployer des pratiques innovantes et économes en produits phytopharmaceutiques. Pour illustrer la dynamique à l’œuvre, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a réuni le 28 février, sur le SIA, l’Acta, l’Inrae, avec des représentants de filières et d’entreprises. Parmi ces derniers, Thomas Nuytten, directeur betteravier de Saint Louis Sucre, a notamment expliqué la façon dont l’entreprise accompagne ses planteurs depuis 2014 dans la transition agroécologique de la culture de la betterave sucrière.
Pour mobiliser un maximum d’agriculteurs, Thomas Nuytten estime que, « collectivement, nous devons lever les freins économiques, techniques, réglementaires et sociétaux. » Comment ? « En sécurisant la prise de risques des agriculteurs grâce à un accompagnement opérationnel et avec des solutions concrètes », ajoute-t-il.
Lever les freins techniques collectivement
À titre d’exemple, Thomas Nuytten s’est appuyé sur le programme Mont Blanc conduit avec des planteurs volontaires afin de franchir les obstacles techniques. « Dans ce cadre, les agriculteurs peuvent tester puis s’approprier de nouvelles pratiques, partage-t-il. Ainsi, sur la moitié de leur parcelle, ils conservent leurs méthodes conventionnelles, tandis que l’autre moitié devient un espace d’expérimentation. » Semis, baisse des produits phytosanitaires, biostimulants… Toutes les innovations y sont mises à l’épreuve. L’objectif est clair : construire des références agronomiques solides tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. En parallèle, les inspecteurs de culture sont formés pour appliquer ces pratiques agroécologiques selon les spécificités de chaque exploitation agricole.
Accompagner la prise de risques des agriculteurs pour massifier la transition
Tester, c’est aussi prendre des risques. « Si le rendement de la modalité innovante est inférieur à celui de la référence conventionnelle, nous compensons les pertes », poursuit Thomas Nuytten. De cette manière, l’entreprise lève le blocage financier.
Saint Louis Sucre accompagne également ses planteurs dans le cadre de la démarche agriculture régénératrice. Dès lors, cinq indicateurs clés suivent l’adoption des techniques vertueuses et de l'innovation par les planteurs engagés. En 2024, le groupe pilote comptait 80 agriculteurs ; ils seront 300 en 2025. Dans le cadre du programme Mont Blanc et avec le soutien de certains clients, l’entreprise finance le conseil ainsi que la couverture des potentielles pertes liées à la transition. « Notre objectif est d’atteindre 900 participants ! », annonce Thomas Nuytten.
Pour accélérer ce mouvement, passer le gap des 300 planteurs, Saint Louis Sucre a répondu à l’automne 2024 à l’appel à manifestation d’intérêt du PRAAM. Ce programme participe au financement de la prise de risques et de la massification des pratiques. Il est lancé dans le cadre de France 2030. « Aujourd’hui, chez Saint Louis Sucre, nous avons, tout comme les agriculteurs, besoin du soutien de l’État pour lever ce verrou économique. »
Dans ce parcours de la transition, le rôle de la puissance publique est aussi d’aider à franchir le dernier kilomètre, rappelle Annie Genevard.

Dans le cadre de Parsada, Annie Genevard indique que la mobilisation des acteurs est « sans précédent, à la hauteur des défis à relever et des moyens que le ministère a engagés en 2024 pour y contribuer ». Elle réaffirme également le plein engagement du Gouvernement aux côtés des filières professionnelles pour développer et rendre accessibles des solutions alternatives techniquement efficaces et viables économiquement.

Thomas Nuytten, directeur betteravier Saint Louis Sucre :
« À travers le groupe d'agriculteurs engagés dans la démarche agriculture régénératrice, nous faisons la promotion des pratiques agroécologiques. Par exemple, nous évaluons la diversification des cultures et l’allongement des rotations. Cela permet aux cultures d'être plus résilientes par rapport au parasitisme et aux ravageurs. »
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Lexique
PRAAM : Prise de risques amont aval et massification de pratiques visant à réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques sur les exploitations agricoles »
Parsada : Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures



