Traitement de l’eau, une histoire d’alchimie
Protéger et récolter Le 31/03/2023Tout est question de chimie avec le procédé de traitement de l’eau de la bouillie. Les deux co-fondateurs de l’entreprise Gersoise Eqo et aussi inventeurs du dispositif, le positionnent comme l’un des leviers des bonnes pratiques de pulvérisation.
Eau miraculeuse ? Assurément non. Eau révélatrice ? Définitivement oui, celle de l’efficacité des produits de protection des cultures. « Le traitement de l’eau est un des maillons de la chaine des bonnes pratiques de la pulvérisation des produits en agriculture » explique Audrey Duran, co-fondatrice avec Bernard Bourde de la société Eqo qui a mis au point le dispositif en 2016. Par produits, elle entend produits phytopharmaceutiques conventionnels ou utilisables en bio, solutions de biocontrôle, préparations naturelles tels le purin d’ortie et les biostimulants.
Éviter les ponts chimiques dans la bouillie
Depuis 2019, le traitement de l’eau fait l’objet d’essais Mont Blanc. « En jouant sur les composantes physico-chimiques de l’eau, la substance active conserve son intégrité donc sa pleine efficacité, explique Audrey Duran. Par exemple, il est primordial de supprimer les cations comme le calcium et le magnésium, responsables de la dureté de l’eau qui dans certains secteurs et sur certaines sources d’eau peuvent se situer au-dessus de 30 °F (eau très dure) ou encore enlever le fer, un des éléments les plus bloquants pour les matières actives. »
Ce procédé empêche toutes combinaisons et complexations avec des ions négatifs de la matière active qui pourraient accélérer sa dégradation.
Gain d’efficacité de la bouillie
Résultats, avec ces traitements de l’eau de forage, la prise en masse est évitée, le gain d’efficacité du produit s’accroit et la réduction de la dose est possible.
Toutefois Audrey Duran prévient : « Selon les cultures et les secteurs géographiques, les diminutions de doses se situent entre 20 et 30 %. Elles peuvent monter à 50 % pour les herbicides ». Les essais Mont Blanc ont révélé qu’une réduction de dose herbicide à 15 % ou 30 % avec une eau traitée améliore l’efficacité de désherbage, ainsi que le rendement et donc le résultat économique de la production de betteraves. Parfois, comme ce fut le cas dans les essais Mont Blanc 2022, traiter l’eau permet au produit de maintenir un niveau d’efficacité à pleine dose dans des conditions météo d’application ou de pression bioagresseurs compliquées.
Pilotage facilité via une application mobile
Pilotée depuis une application, l’unité de traitement de l’eau peut, par exemple, se déclencher automatiquement à 4 heures du matin pour que l’eau soit prête à 6 heures. Le contrôle à distance permet aussi à l’équipe d’Eqo de prendre la main pour dépanner en ligne notamment en étudiant l’historique de l’outil. « Cet accompagnement est fondamental, conclut Audrey Duran. Nous tenons à rester une entreprise familiale en lien direct avec nos clients. »