Daniel Calmejane

Directeur des Ventes Industrie et Export, Saint Louis Sucre

Évolution du marché mondial du sucre d’octobre 2024 à mi-janvier 2025

Fin 2024, le marché mondial a chuté, affecté par un dollar fort, une offre excédentaire (Brésil, Thaïlande), et l’annonce du retour des exportations de sucre indien. En 2025, la production mondiale augmentera, sauf en Europe où la culture de betteraves pourrait être en recul de plus de 6%.

De fin septembre à fin décembre 2024, les prix mondiaux du sucre ont suivi une tendance à la baisse en raison d'un sentiment général baissier sur le marché et d'un manque de nouvelles qui pourraient soutenir le cours. Le prix du sucre brut a continuellement diminué, passant de 23,4 cts/lb en septembre à 20,7 cts/lb en décembre. Le sucre blanc a évolué dans un canal baissier similaire.

Les principales causes du repli :

·      Le renforcement continu du dollar américain accentuant la pression sur les prix des commodités.

·      Une dépréciation continue du réal brésilien, incitant les producteurs à privilégier la production de sucre plutôt que d'éthanol.

·      L’augmentation de la disponibilité du sucre au niveau mondial, en particulier au Brésil et en Thaïlande.

·      La faiblesse persistante de la prime de blanc, qui n'incite pas les raffineurs à importer, a un impact négatif sur la demande de sucre brut. Ce facteur a un impact très important sur la faiblesse des valeurs sur le cours du sucre brut.

Vague baissière fin décembre

À la fin du mois de décembre, le sucre brut a connu un nouvel épisode de baisse, passant en 3 jours de 20,7cs/lb (au 16 décembre) à 19,4 cs/lb (au 19 décembre), avant de toucher son niveau le plus bas depuis le mois de septembre à 19,04 cents/lb. Le marché s’est clôturé à 19,26 cents/lb le 31 décembre. Ainsi, le 31 décembre, le sucre blanc s’échangeait à 507 $ (487 €) la tonne.

À l’origine de cette vague baissière, plusieurs facteurs. La récolte est plus abondante que prévu dans la région du centre du Brésil avec, en prime, une faiblesse record de la monnaie brésilienne. La Chine interdit les importations de sucre liquide et l'Indonésie restreint des importations de sucre destinées à la consommation directe. La force du dollar américain entre, là encore, en ligne de compte.

Pause début 2025 avant un nouveau repli des prix

Au début de la nouvelle année 2025, les prix ont d'abord cessé de baisser. Ils sont probablement soutenus par une révision à la baisse de la production indienne compte tenu des mauvais résultats de la récolte à la fin du mois de décembre. Cependant, mi-janvier, une annonce de l'exportation d'1 Mt de sucre indien a fait replonger le marché sous 18 cts/lb (474 $/t pour le sucre blanc), reflétant un excédent mondial confirmé par les prévisions pour 2024/25 et 2025/26.

Cette réaction montre que le marché mondial du sucre n'a pas besoin de volumes supplémentaires.

Hausse de production en 2025 pour la canne à sucre, recul pour la betterave   

Pour 2025/26, les pluies au Brésil de la fin de l'année 2024 devraient favoriser la récolte. Après une baisse de la production de l'Inde en 24/25, une hausse est attendue en 25/26. En Thaïlande, l'augmentation de la superficie en 24/25 et les bonnes conditions météorologiques générales ont entraîné une augmentation de la production de sucre en 24/25. Pour la campagne 25/26, on s'attend donc à ce que la superficie consacrée à la canne à sucre s'accroisse encore, ce qui mécaniquement devrait entraîner une augmentation de la production de sucre, sauf incident climatique.

Seule l'Europe devrait voir sa production de sucre diminuer en 25/26 en raison d'une réduction de la superficie consacrée à la culture de la betterave d'environ 6,5 % (d'après S&P Platts).